Marie-Josée Gauvin livre un hommage magnifique à sa fille décédée
Un moment extrêmement touchant !
Marie-Josée Gauvin vient de livrer un touchant témoignage afin de rendre hommage à sa fille décédée alors qu'elle parlait de la chanson Blackbird de Paul McCartney, qui a une signification fort importante pour elle. Sur les ondes de 107,3 Rouge FM, elle a raconté une histoire extrêmement touchante et il est difficile de retenir nos larmes en écoutant ses propos.
Voici ce qu’elle a mentionné :
« Est-ce que vous me permettez de vous parler une dernière fois de l’album Cowboy Carter de Beyoncé ? Peut-être pas la dernière, mais il fallait que je vous parle de sa reprise de Blackbird… pour plein de raisons. Je voulais vous parler de l’histoire avec un grand H de cette chanson-là et d’une petite histoire personnelle aussi parce que la vraie histoire, c’est Paul McCartney qui en 68 voit les émeutes causées par les droits civils bafoués de la population noire en Arkansas. Il voit comment ça brasse et il voit qu’il y a une fille noire qui se fait retourner de l’école. Elle n’a pas le droit d’y aller à cause de la couleur de sa peau. Donc là, il prend sa guitare acoustique et il se met à composer une chanson en souhaitant juste envoyer un peu d’espoir.
Pis Angleterre, ça, je ne savais pas ça, de là où il vient, on utilise souvent bird pour parler d’une girl. Donc plutôt naturellement, il chante black bird et s’adresse à une fille noire. Pis 56 ans plus tard, c’est une fille noire qui décide de la chanter sur son album plus country. Une fille noire qui, encore 56 ans plus tard, se fait dire que parce qu’elle est noire, elle ne devrait pas chanter du country. Quand même assez porteur ! Pis ça profondément touché Paul McCartney qui a donné sa track de guitare originale à Beyoncé avec les mêmes petits oiseaux et il a dit à Beyoncé « J’adore ta version et ça me rend excessivement fier qu’elle prenne vie dans ta bouche » parce qu’il y eu plein de reprises, de Roswell, à Glee, à Baby boss, à Dave Grohl, qui dit qui est devenu un meilleur guitariste à apprendre ça à la guitare et un meilleur auteur-compositeur à écouter cette chanson-là. Il y a quelque chose qui se passe pis il y a beaucoup d’utilisations de cette chanson-là pis ça fait parti de plein de trames sonores de vie, dont la mienne.
Elle s’est déposée dans la mienne et je ne sais plus trop comment, mais quand j’étais enceinte la première fois, au tout début, tout allait bien et c’était devenu la chanson que je faisais écouter à ma bedaine. Chaque soir, je mettais donc la chanson là-dessus. Que je m’imaginais bien écouter aussi après et que ça allait être chez nous dans la coquette chambre de la petite fille qui s’en venait. Pis finalement, ben on était pogné à l’hôpital.
Faque j’ai fait entendre chaque soir Blackbird a ma petite Charlotte avant de quitter l’hôpital. Je me rentrais dans son petit lit et je me faufilais à travers tous les fils qui avaient là parce qu’elle était malade. Pis là, je lui mettais des petits nouveaux bas parce que c’est juste ça que je pouvais lui mettre… moi qui avais tellement hâte de lui faire des kits. Je ne pouvais pas. Elle était collée puis il y avait des fils de partout. Faque là ensemble on se collait puis on écoutait cette chanson-là pleine d’espoir. C’est devenu la chanson à Charlotte.
Pis à un moment donné, ben ma petite fille elle s’est envolée. Parce que comme le black bird de la toune, ben elle avait les ailes brisées. Très très très brisées pis j’étais soulagée qu’elle apprenne à voler, même si c’était ailleurs qu’avec moi. Mais il y avait aussi un côté de moi qui me disait « Mais pourquoi tu as pris cette chanson-là ? C’est tu toi qui a fait en sorte qu’elle est devenue un black bird qui entre dans la nuit et qui meurt ? » Tsé… on se pose bien des questions.
Un jour dans l’année qui a suivi la mort de ma fille, on est parti à Vegas mon père pis moi. Pis on était fans des Beatles donc c’est sûr qu’on se devait d’aller voir l’œuvre du Cirque du Soleil. Ma chum en revenait pis elle m’avait dit que c’était malade ce spectacle-là. Elle m’avait « Tu vas voir Marie, tu vas avoir une belle surprise, pis je t’aime. » Faque on s’est installé, ne sachant pas si Blackbird faisait partie du show. Finalement, oui. Et pendant Blackbird… je ne sais pas si c’est encore ça là… mais pendant Blackbird, apparaît sur la scène dans la lumière juste un petit tricycle qui pédale. Mais il n’y a personne sur le petit tricycle. Pis c’est la première fois depuis que c’est arrivé qu’en voyant ça, je me suis dite « Elle est correct pis elle va bien. »
Quand j’ai réentendu la version de Beyoncé, j’ai revu le petit tricycle et je me suis encore dit « Elle est correct, elle va bien. Pis toi aussi, tu es correct pis tu vas bien, onze ans plus tard. » Pis il y a un côté, quand on s’est tous ressemblé dans le lit… ma Joséphine, son père, le chien… pis qu’on a écouté ça, j’ai fait « c’est quand même pas pire que ce soit Beyoncé qui chante notre berceuse fille. »
- Marie-Josée Gauvin