Alexandre Barrette écrit une lettre bouleversante à Dédé Fortin qui vous donnera des frissons
Plusieurs personnalités publiques ont été émues.
Monde de Stars
Alors qu'on est habitués à ce qu'il nous fasse rire, Alexandre Barrette a plutôt choisi de nous émouvoir, lorsque, dimanche soir, il a publié un bouleversant hommage à Dédé Fortin, des Colocs, sur les réseaux sociaux.
« Dédé, je pense à toi ce soir.
Je reviens de marcher dans les rues de Montréal. Soirée froide d’automne. Saison qui connait son rôle de sherpa vers l’hiver.
Je suis passé sur Rachel devant le fameux appartement.
L’endroit où t’as décidé de déposer le point final à ton histoire.
En arrivant chez moi, j’ai eu envie de te regarder en concert.
Je regarde la chanson «Le répondeur» du show sur les plaines, ton dernier show.
T’as des lunettes d’aviateur sur ton front.
Juste en en dessous, tes yeux sont comme 2 petites patinoires fraichement arrosées un soir de février.
Les paroles sont une énigme peu complexe pour se rendre à ta détresse.
Aussi simple que les labyrinthes sur les napperons d’enfants au restaurant.
Tellement simple qu’on pense qu’y a une attrape. Ça ne peut pas être aussi évident.
Mais surtout, la vibration dans ta voix. Cette vibration. Ta voix est celle de quelqu’un qui voudrait être bercé. Quelqu’un dont la tempe réclame un torse.
Je me demande naïvement pourquoi personne n’a rien fait?
Pourquoi ce qui semble si évident aujourd’hui ne l’était pour personne à l’époque?
Quoique bien intentionnés, les applaudissements et les cris des spectateurs donnent des allures de Corrida à ce spectacle.
T’es parti à 37 ans. J’avais 19 ans à ce moment.
Même si 18 ans nous séparaient, (je parle au passé car maintenant je suis de 4 ans ton ainé Dédé) des fois je rêve qu’on se rencontre, qu’on devienne des amis et que je change ton parcours.
Quand j’étais jeune, j’avais appris la manœuvre de Heimlich dans un cours de premiers soins.
Je rêvais secrètement de sauver quelqu’un qui s’étouffe dans un restaurant.
Certaines personnes rêvent de gagner des trophées.
Moi, ma gloire, je l’espérais dans le prolongement d’une vie humaine.
Je ne sais pas pourquoi. J’imagine que ça doit enlever beaucoup de pression sur le fait de réussir sa propre vie, quand tu sais qu’y a une autre vie qui se poursuit grâce à toi.
Dédé si je peux te faire une confidence, j’ai souvent rêvé de t’avoir rencontré et d’être l’humain qui aurait changé ton parcours et qui t’aurais gardé à bord.
J’aurais aimé faire la prise de Heimlich à ta détresse Dédé.
N’étant pas dans le même domaine ni la même ville, je n’ai aucune idée comment on aurait pu se rencontrer, et pourquoi ça aurait transcendé une simple salutation.
Peut-être est-ce une accolade?
Dans toutes les combinaisons de torses sur terre, peut-être que les 2 nôtres auraient créé une accolade qui t’aurait allégé.
Comme un nouveau son peut faire ouvrir les yeux à un vieux chien qui dort sur le divan et que plus rien n’impressionne.
Peut-être que j’aurais dit la bonne réplique qui t’aurait fait rire très fort une fois…. te persuadant même que ton voyage n’aurait pas été complet sans plusieurs autres de ces rires.
Peut-être que tu aurais reconnu dans ma sensibilité et mon écorchage une partie de toi même et que tu te serais investi d’une mission de me «pader» aux blessures de la vie.
Peut-être que tu aurais vu en moi ce que tu as jadis été et que tu aurais voulu me guider.
Ton rôle auprès de moi «d’esquiveur» de blessures t’aurait peut être fait oublié les tiennes un peu.
Je t’aurais raconté mes aventures d’apprenti peiné, tu m’aurais raconté celles d’un vétéran.
On se serait aidés mutuellement.
Nul n’est prophète dans son pays.
Nul n’est prophète dans son tourment.
Tu dis dans la chanson le répondeur«je suis ben plus jeune par en dedans». On dirait que t’es venu dans mon cœur pour écrire cette phrase Dédé.
Je ne suis pas le plus doué avec mon propre bonheur Dédé.
Mais, fouille moi pourquoi, j’ai l’humble impression que j’aurais pu être un bon médiateur entre toi et le tien.
Tu aurais aujourd’hui 60 ans.
Peut-être qu’on irait jouer au hockey à la patinoire Laurier.
Je te niaiserais sur le fait que t’as pu de souffle pantoute.
Tu serais ptete en tabarnac!
Peut-être que tu me donnerais des conseils sur ma carrière artistique.
Peut-être aurais-je fait des choix différents sous tes conseils intègres et sans concession.
Peut-être qu’on aurait gardé ces 18 ans d’écart et qu’on serait 2 amis inséparables.
On ne le saura jamais Dédé.
Tout ce que je peux te dire, c’est qu’à travers tes chansons, tes quelques entrevues, ta personnalité, tu as réussi à me faire t’aimer, au point de vouloir te sauver.
Alex », a écrit l'humoriste sur Facebook.
Sa publication a récolté plus de 13 000 mentions « J'aime » et de nombreuses personnalités québécoises ont été émues par son texte.
« Magnifique Alex, j’ai tellement ressentis exactement la même chose pour Dédé. Merci de ton éloquence pour expliquer l’impuissance absolue », a réagi Mélanie Maynard.
« Je t'aime », a ajouté Alexandre Champagne.
« Ton texte me touche droit au coeur! On ne remettra jamais de son départ », a commenté Guylaine Tremblay.
« Très beau », a résumé Martin Deschamps.