Mélanie Savard s'ouvre sur les derniers mois de la vie de son conjoint Patrick Bourgeois
Une entrevue extrêmement touchante
Le 26 novembre 2017 demeurera toujours une bien triste journée pour la belle province. Ce jour-là, Patrick Bourgeois s'éteignait à l'âge de 55 ans. Le célèbre chanteur du groupe Les BB ne sera jamais oublié. Dans les dernières heures, j'ai eu l'honneur de pouvoir m'entretenir longuement avec sa conjointe Mélanie Savard.
Mélanie Savard et sa fille, Marie William Bourgeois, posent actuellement un geste extrêmement important en vendant des t-shirts rétro de la tournée « Snob » de 1992 du groupe Les BB. Les fonds amassés servent pour la cause du cancer du côlon et il ne reste que quelques jours à la campagne.
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C'est avec grand honneur que j'ai pu m'entretenir avec Mélanie Savard, la conjointe de Patrick Bourgeois. Nous avons discuté de plusieurs sujets et elle a été d'une gentillesse immense. Voici mon entrevue avec elle :
- Tout d’abord, comment allez-vous ?
Je vais bien ! Hier, je pense que c’est la première fois depuis six ans que je n’ai pas publiée pour souligner la sixième année du décès de Patrick parce que je réalisais qu’à chaque fois que je le faisais, tout cela me replongeait dans les souvenirs. Je trouvais que la journée était lourde et je n’avais pas envie de revivre tout ça.
C'est une plaie qui reste. Oui, elle a cicatrisé, mais ça reste quand même une plaie qui est marquée à tout. Ce serait de mentir, de dire le contraire. Comme je l'ai déjà déjà dit, j'ai passé la moitié de ma vie avec lui. J'avais 23 ans quand nous nous sommes rencontrés et aujourd'hui, j'en ai 47.
- La journée du 26 novembre a toujours une signification bien importante pour vous ?
Tout à fait ! Je pense qu’il faut continuer de conscientiser les gens à prendre soin de leur santé. Je pense également à Karl Tremblay, le chanteur de Cowboys Fringants qui vient malheureusement de perdre la vie en raison d’un cancer de la prostate. Il avait le même âge que moi. Ça, ça m’a bouleversé et j’ai été plusieurs jours sous le choc. Je suis une personne très empathique et j’ai trouvé ça très difficile en pensant à ce que sa femme Marie-Annick pouvait vivre ainsi que leurs deux filles. Ça nous a chamboulés énormément.
Le 26 novembre pour moi, ça signifie de ne pas l’oublier. Il a marqué le Québec avec sa musique On tente d’adoucir le mois de novembre chaque année pour tout le monde, mais la dépression saisonnière n’est pas évidente non plus. Il ne faut pas oublier sa mémoire et on tente d’apporter quelque chose qui pourrait aider la fondation en même temps pour sensibiliser les gens surtout. Il faut qu'il y ait quelque chose de positif au travers de tout ça.
On est très honorée et on ne s'attendait pas à ce que les médias soient aussi à l'écoute pour la vente des t-shirts pour la cause du cancer du côlon. On est vraiment très honorée et très touchée. On est dans l'appréciation, la reconnaissance et la gratitude. Ce sont trois mots qui me suivent depuis que je suis toute jeune, puis ce l'est encore d'autant plus aujourd'hui.
- Est-ce que les gens vous abordent encore régulièrement pour vous parler du groupe Les BB ?
Oh oui ! On a des gens parfois qui vont dans des karaokés et souvent il y a des chansons des BB. Je le dis en riant parce que c’est cute car ils nous envoient des vidéos pendant qu’ils chantent des chansons des BB. Il y a toujours des gens qui prennent le temps de nous écrire.
Il y en a parfois qui perdent leur conjoint ou leur conjointe et ils prennent du temps pour m’écrire, et moi je réponds à tout le monde. Chaque personne est importante et je comprends le deuil de perdre un proche. Je sais à quel point que ça chamboule et si cette personne-là a pris le temps de m’écrire, c’est la moindre des choses que je lui répondre.
- Est-ce que vous avez reçu de l'aide pour accompagner dans votre deuil suite au décès de Patrick ?
Je suis allée tendre la main parce que j’ai eu besoin d’aide. Vraiment. J’ai consulté pendant un an et demi à tous les trois semaines avec des personnes spécialisées dans le deuil.
Quand j’ai pris le téléphone, c’était un ultimatum et quand j’ai laissé mon message, je priais pour que quelqu’un me réponde. Pis ça, ce n’est pas d’être faible ou quoique ce soit. C’est extrêmement important de tendre la main.
C’est un débalancement de vie et il nous manque un poumon. On est déstabilisé et on a de la misère à avancer. Je n’étais même pas capable de m’asseoir devant mon ordinateur pour lire. La concentration, elle n’était tout simplement plus là.
- Dans les deux dernières années de la vie de votre conjoint, est-ce que vous étiez un peu dans un rôle de proche aidante ?
Totalement ! Je ne voulais pas me l’admettre au départ, mais carrément oui. Et honnêtement, c’est fou parce qu’on avait des infirmières qui venaient prendre des prises de sang afin de savoir s’il pouvait recevoir sa chimio par la suite. Toutes les semaines, on était dans les hôpitaux et tout.
On m’avait approché afin de me suggérer de consulter quelqu’un en me laissant les coordonnées, mais je ne l'avais pas fait. Mais l’infirmière, elle, elle est habituée de voir des gens dans cette situation-là qui ont besoin d’aller chercher de l’aide, que ce soit émotionnellement et psychologiquement.
Par la suite, c’est la fondation qui m’a rappelée en me disant qu’ils se doutaient que je n’appellerais pas. C’est à ce moment que j’ai réalisée que c’était normal tout ce que je vivais et que c’était normal que je sois aussi déstabilisée.
Moi, je ne pouvais pas me dire que j’étais fatigué. Je me disais que je n’avais pas le cancer, que ce n’est pas moi qui subissais les traitements et je ne me donnais pas le droit d’être fatigué ou quoique ce soit.
Donc c’est certain que les gens qui nous entourent nous disent « Si vous pouvez avoir de l’aide, prenez-là. Prenez-là l’aide parce qu’eux, ils voient des choses que nous on ne voit pas puisqu’on a comme un arbre dans le visage et on ne voit plus la forêt. »
- Dans les mois avant son décès, est-ce que Patrick demeurait positif au travers de sa bataille contre le cancer ?
Oui ! Il a fait des spectacles jusqu’au mois d’août. Je pense que la dernière date, c’était le 20 août, puis il est décédé en novembre. Il était en pleine chimio sur la scène avec Michel Louvain dans le spectacle qu’ils ont fait à Québec avec Ludovick.
À ce moment-là, Patrick était en pleine chimio en dessous de sa chemise et il faisait très chaud. Ce show-là, il ne pouvait pas passer à côté donc il était pluggé en chimio… le sac avec le biberon à la taille et il donnait un show avec Michel Louvain sur les plaines d’Abraham. Puis, il a continué de faire de la tournée par la suite.
- Quand on regarde l'histoire de Patrick avec celle de Karl Tremblay, il semble y avoir plusieurs similitudes entre les deux ?
Vraiment ! C’est pour ça qu’en apprenant la mort de Karl, j’étais complètement… j’en parle et ça me fait mal. Il y a énormément de similitudes entre les deux. J’ai tellement de peine pour Karl et pour sa conjointe Marie-Annick ainsi que leurs enfants. Ils sont décédés les deux en novembre et je sais que là, le temps des Fêtes s’en vient donc je pense à sa femme et le tourbillon de tout ça. Ensuite, ses filles vont probablement retourner à l’école en janvier donc il y a la solitude et tout ça.
Si jamais elle veut m’écrire ou me parle, je serai toujours là pour elle à 200 %.. Je ne me gênerai peut-être même pour lui écrire afin de lui dire que j’ai une pensée pour elle et qu’elle peut m’appeler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et ce, même si on ne se connaît pas. Je veux laisser la poussière retomber, mais j’ai en tête de le faire en janvier ou février pour au moins lever la main et lui dire que pour x raisons, je serai là pour elle.
Moi, quand Patrick est décédé, c’était épouvantable. Je ne pouvais plus ouvrir la télévision ni la radio. J’étais complètement déconnectée des magazines et tout. C’était trop !
Patrick et Karl, ce sont deux artistes qui ont marqué le Québec tous les deux de façon différente et à différents niveaux. Moi, je ne fais pas un métier public, mais Marie-Annick elle est connue. Donc juste pour aller faire l’épicerie ou aller à la pharmacie, tout le monde va la reconnaître.
- Il y a quelques mois, Ludovick avait mentionné que selon lui, si son père était allé se faire dépister plus tôt, les choses auraient été bien différentes. Est-ce que vous êtes en accord avec lui ?
Totalement ! Patrick, ça faisait un an qu’il avait des symptômes. Initialement, il pensait qu’il avait les hémorroïdes. Patrick, c’était un artiste, mais ce n’était pas une vedette. Il traitait toujours tout le monde de façon égal. C’était un homme simple et comme tout le monde.
Pour lui, le soundman était aussi important que lui, l’éclairagiste était aussi important que lui, le directeur de tournée était aussi important que lui… donc tout le monde avaient de l’importance à ses yeux. Si un show était bon, pour lui c’était parce que tout le monde, sans exception, avait été bon.
Pis un moment donné, après un spectacle, il m’a regardé et m’a dit, les larmes aux yeux, « Mélanie, ça me pique dans le ventre. C’est l’enfer… j’ai pensé perdre connaissance pendant le show. Fais sortir tout le monde de la loge s’il te plaît ». Dans mes 18 ans de vie avec lui, je ne l’avais jamais vu comme ça. Il était blanc. Je suis allée chercher des serviettes, il s’est étendu et il avait besoin que personne ne soit là. J’ai donc fait sortir tout le monde de la loge en leur indiquant que Patrick n’allait vraiment pas bien et là, on ne savait pas ce qui se passait.
Ça, ça m’avait marqué et je me disais que pour qu’il agisse comme ça, c’est que ça n’allait vraiment pas et on n’avait pas encore le diagnostic du cancer à ce moment-là.
Puis là par la suite, il est arrivé plusieurs trucs. Un jour, je me lève dans le lit et il y avait une tache de sang. Ça s’est produit alors qu’il s’apprêtait à faire le spectacle des 25 ans des BB aux Francofolies en juin. Je voulais qu’il aille se faire tester, mais il m’a dit « Mélanie, si je vais me faire tester, je ne pourrai pas faire la tournée ».
Patrick était très hypocondriaque. Je voulais vraiment qu’il y aille, mais c’est finalement seulement huit mois plus tard qu’il est allé se faire tester.
Moi et lui, on a été 18 ans ensemble. Je sais qu’il n’y a jamais de couple parfait, mais nous n’étions pas deux personnes qui se chicanaient ou qui se parlaient fort. Nous avions toujours une belle complicité.
Cependant, un jour j’ai fini par monter le ton en lui disant « Là Patrick, ça ne marche pas. Je t’ordonne… je t’oblige… je t’en supplie… va te faire tester. » Donc ç’a été presque une année de symptômes avant qu’il se fasse tester. Les choses auraient certainement été différentes s’il avait été le faire avant.
- Pendant les mois d'attentes avant de se faire tester, est-ce qu'il s'est produit d'autres évènements marquants au niveau de sa santé ?
Il n’y a pas trop eu d’éléments déclencheurs, mais des douleurs et de fortes crampes. On n’a jamais pensé qu’il avait le cancer et Patrick me disait qu’il y avait eu des cas d’hémorroïdes dans la famille donc il pensait vraiment que c’était ça.
De mon côté, je ne connaissais pas vraiment cela. Patrick savait que quelque chose n’allait pas, mais jamais il n’aurait pensé que c’était la fin. Donc c’est pour cette raison qu’aujourd’hui, je tente de faire régulièrement des entrevues puisqu’il faut en parler. Si ça ne peut aider ne serait-ce qu’une seule ou deux personnes, bien ce sera ça.
- Actuellement, vous vendez des t-shirts et les fonds amassés servent pour la cause du cancer du côlon. Comment se déroule votre campagne jusqu'à maintenant ?
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Ça va bien quand même ! C’était un gros mois en novembre et il y a eu le décès de Karl Tremblay au travers de tout ça donc il y a beaucoup de choses qui se sont produites. Je m’attendais honnêtement à ce qu’on puisse en vendre un peu plus, mais c’est la première fois que nous faisions quelque chose du genre donc nous n’avions aucune idée. Ça va relativement bien, mais je m’attendais à un peu plus. La campagne se terminera le 1er décembre.
Nous vous invitons à supporter cette superbe campagne.
Un très grand merci à Mélanie pour cette entrevue incroyable. Une femme à la fois fort sympathique et très courageuse.
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