Paul Arcand termine sa toute dernière émission en répondant à la question sur toutes les lèvres

C'est une véritable page d'histoire qui s'est tournée, vendredi matin quelques minutes avant 10 heures, alors que pour la toute dernière fois, Paul Arcand a remercié les auditeurs d'avoir été à l'écoute de l'émission matinale qu'il anime depuis des décennies.

Après 34 ans à l'antenne, le roi des ondes tire sa révérence et on a eu droit à une émission spéciale pleine d'hommages, de surprises, de fous rires et de témoignages émotifs.

Alors qu'il ne restait que quelques minutes à l'émission, Alain Crête a demandé à Paul Arcand la question qui était sur toutes les lèvres:

« Là c'est vrai que c'est la fin. D'abord, Paul, il reste moins de 10 minutes à l'émission...as-tu changé d'idée? »

Sans attendre une seule seconde, l'animateur a répondu « Non! »

C'est alors que Paul Arcand s'est adressé pour une toute dernière fois à ses fidèles auditeurs de Puisqu'il faut se lever.

« Ces dernières minutes-là sont importantes parce que c'est la dernière fois que je m'adresse au public, à la radio, dans le cadre de l'émission du matin en direct. J'ai d'autres rendez-vous, balado, séries documentaires... Je vais demeurer actif, je vais faire d'autres choses.

Mais là, je veux vous dire vraiment merci de cette confiance-là qui s'est bâtie au fil des années, pendant 34 ans. Ça, je ne l'oublierai jamais et ça m'a permis d'avoir un métier extraordinaire avec des gens fabuleux. Je suis très fier de mon équipe, de ces gens qui au fil des années ont sacrifié une partie de leur qualité de vie, on va se le dire.

Les gens me posent toujours la même maudite question: c'est quoi votre recette? Il n'y en a pas de recette. La recette c'est d'aimer ce qu'on fait, travailler et le faire avec des gens qu'on aime. Et le faire avec passion.

Et je veux dire un mot pour Patrick Lagacé. Je suis très conscient et j'ai eu l'occasion d'échanger très souvent avec Patrick qui me posait plein de questions sur c'était comment le matin, la discipline. Ma réponse c'était: oui, il y a une question de discipline. Mais sois toi-même.

Je ne veux pas lui donner de conseils. Je veux donner des conseils aux auditeurs et aux patrons. Pas à Patrick. Mais de lui dire, n'écoute pas tous les commentaires, ne va pas sur les médias sociaux. Prends une pause, fais ce que t'as envie de faire.

Après un mois ou deux, tu te demanderas tu es rendu où. Parce que si tu écoutes et que tu prends en compte tout ce que tu vas lire, je peux vous dire que jamais je n'aurais embauché Luc Ferrandez. Les gens m'écrivaient, c'était d'une violence. La menace c'est toujours de dire que c'est terminé.

Jean Lapierre, je veux rappeler que quand il est revenu avec nous il sortait du gouvernement libéral marqué par le scandale des commandites. Quand j'ai annoncé que Jean revenait, je me suis fait bombarder de courriels mais j'ai dit à Jean, oublie ça.

Alors je dis à Patrick, ne lis pas, surtout ne réponds pas. Et donne-toi du temps. Les comités de direction m'ont congédié à plusieurs reprises et je suis encore là. Et tant que tu auras du plaisir à faire ce métier-là, tant que tu auras du plaisir avec ton équipe, lâche pas. Tu feras des ajustements comme j'en ai faits au fil du temps.

Des fois c'est lourd de se faire dire qu'on intimide. Parce que je ne suis pas quelqu'un d'intimidant de nature. Je suis quelqu'un d'assez réservé et d'assez tranquille. Je comprends la réputation. C'est comme quand Lise Dion me dit j'ai refusé une entrevue avec vous parce que je ne sais pas ce que j'ai fait de mal.

Mais d'entendre ce matin Yvon Deschamps, Céline Dion et entendre nos auditeurs et nos auditrices. C'est une grande fierté de voir que la radio parlée est forte. Ça donne confiance. Ça veut dire qu'il y a des gens qui ont encore le goût du débat en français et du débat sur des grandes questions de société.

J'ai deux grandes fiertés: d'avoir aidé des gens à apprendre la culture québécoise et d'apprendre la langue. Et d'avoir, avec tous les collaborateurs, permis à des gens à s'intéresser à la chose publique. Et je persiste à dire, le droit de s'indigner: il ne faut jamais perdre le droit de s'indigner. Et tant que je vais être capable, tant que je vais avoir l'énergie pour le faire, je vous le dis tout de suite: je vais m'indigner.

Pas pour des niaiseries, mais il y a des choses qui méritent qu'on lève le bras et qu'on dise ça suffit. Et ça, les auditeurs m'alimentent avec ça et j'ai besoin de vous pour continuer, mais vous pouvez être sûrs que je vais continuer à me battre et à m'indigner. 

À très bientôt. Passez un bel été. On va se retrouver quelque part, d'une manière ou d'une autre. »

Et c'est sous un tonnerre d'applaudissements que cette dernière émission de Puisqu'il faut se lever s'est terminée.

Sur la page Facebook Les Archives de Radio-Canada, c'est avec beaucoup de plaisir qu'on a découvert cette entrevue de novembre 1992 avec un jeune Paul Arcand qui avait déjà la fougue qu'on lui connait:

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